mercredi 7 août 2013

Jour 3 !



Je me réveille et je me sens au plus bas. Je laisse mes yeux fermés dans l’espoir que le personnel oublie que je suis là.  Les infirmières s’activent dans ma chambre.  Ma stratégie fonctionne. On ne fait pas attention à moi.  Vers 6h., ma main qui reçoit la perfusion commence à brûler intensément.  Je sonne, je sonne, je resonne.  L’infirmière arrive et constate que ma veine a éclaté et que mon soluté se vide directement dans ma main.  Il est 7h. quand chéri arrive et que l’infirmière s’applique à retirer le tout.  Elle me pique deux fois dans l’autre main pour finalement m’installer, dans une troisième tentative, la perfusion dans le pli du coude.  Je suis heureuse de voir chéri mais tellement fatiguée !  Mon énergie baisse d’heure en heure.  On me redonne du Gravol iv pour contrôler ma nausée.  Je me plains du goût absolument horrible que j’ai dans la bouche.  Je n’ai pratiquement rien mangé depuis une soixantaine d’heures ni brossé mes dents depuis le matin de la chirurgie. La simple idée de mettre une brosse à dents dans ma bouche me lève le coeur. Chéri disparaît et revient avec des bâtonnets de glycérine. Ce sont d’espèces de gros coton-tiges imbibés d’un goût citronné.  J’en suçotte un et le passe partout sur mes gencives. Ça me fait du bien. Chéri part travailler après quelques encouragements. Mon moral est au plus bas.

Lorqu’on m’apporte le plateau de déjeuner, je sens que j’ai enfin un peu faim.  J’attends que le Gravol soit à son effet maximum pour manger mais je m’endors.  Quand je me réveille, le plateau a disparu.  Je demande la bassine mais ne me rends pas compte que ma jaquette trempe dedans alors que je fais pipi.  J’attends au moins deux heures qu’on vienne me changer.  La gentille préposée de la veille m’aide à me laver à la main et à enfiler une jaquette propre. À midi, on vient m’enlever ma pompe PCA.  J’ai pris 5 ou 6 doses en tout. Je reçois en matinée ma deuxième dose de Lovenox.  Et hop, un trou de plus dans mon pauvre corps que je sens de plus en plus massacré. On vérifie mes signes vitaux et mon pansement. On m’administre régulièrement Tylenol, Colace et Celebrex. Ce midi là, je mange quelques bouchées de pommes de terres en purée.  J’espère gagner des forces.

Ma pire ennemie fait irruption après le « repas ».  Madame la physiothérapeute tient sa promesse et m’oblige à me lever. Je me sens plus molle qu’une poupée de chiffon.  Juste me tenir assise au bord du lit est un exploit. Je pleure en regardant la marchette placée devant moi. Madame semble penser que je fais des caprices. Elle ne comprend pas que ce n’est pas ma jambe qui m’inquiète mais mon état général. Elle insiste et en rajoute en m’annonçant que des patients opérés le même jour que moi, sont déjà rentrés à la maison. Elle peut bien me mettre toute la pression qu’elle veut, la mienne est basse et je n’y peux rien.  Je m'asseois au bord du lit en pleurant et je me lève en me cramponnant à la marchette. Je fais un pas et un deuxième. Je sens que je vais m’évanouir.  On m’asseoit en vitesse.  Ma pression est à 77 sur 43. On me couche toutes affaires cessantes.  Hasta manana, suite du duel demain.

Je n’ai pas droit au bolus de Lactate Ringer car il était prescrit dans le même protocole que la pompe PCA que je n’ai plus.  On ne fait donc rien pour remonter ma pression. Je passe l’après-midi couchée et une fois de plus, on m’installe un cathéter pour vider ma vessie.  Il est enfin en place après trois tentatives.  J’ai un litre à évacuer. Mon souper est servi et je dévore la tranche de pain puis je prends plusieurs bouchées du riz au poulet.  Je le trouve délicieux.  Je n’ose pas trop manger puisque j’ai l’estomac vide depuis plusieurs jours.  Chéri, qui vient de terminer sa journée de travail, passe me voir.  Il trouve que j’ai meilleure mine.  Je me sens mieux.  Il m’apporte un Sprite bien froid. Je me sens revivre.  Après son départ, je mange une partie d’un gros biscuit au chocolat acheté par ma soeur 48 heures plus tôt. Je sens que je reprends des forces. Je me sens donc d’attaque pour négocier avec l’externe qui espère me mettre un cathéter encore une fois. J’accepte de me lever et d’aller sur la chaise d’aisance.  J’y urine plus facilement que sur la bassine.  Malgré mes efforts, le scanner indique que j’ai encore 354 ml à vider. Je me sauve du cathéter en promettant d’aller sur la chaise d’aisance aussi souvent que nécessaire. Je tiens mon engagement et uriner devient de plus en plus facile. L’assistant de mon orthopédiste passe me voir en soirée.  Il me dit que tout va bien.

Cette nuit là, je passe une excellente nuit. Le 48 heures post op est passé, autant pour moi que pour une de mes compagnes de chambre.  Les deux autres occupantes dorment sans faire de bruit. On nous laisse roupiller jusqu’au matin.  

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