mardi 6 août 2013

Jour 2 !



Je me fais réveiller à 5h20 pour une prise de sang. J’ai la nausée. Je me sens faible comme jamais dans ma vie. Ma pression est basse. Je reçois un autre bolus. Le goût dans ma bouche est de pire en pire. Je tente de boire de l’eau. On m’apporte Tylenol, Colace et Celebrex encore une fois. J’ai droit à une diète liquide mais l’idée de boire autre chose que de l’eau m’écoeure. Je reste à jeun. On scanne ma vessie : 750 ml. On me met une sonde qu’on laisse en place toute la journée. Une gentille préposée vient me voir pour m’aider à faire ma toilette et changer ma jaquette. C’est au-dessus de mes forces. Je refuse. Vers 10h. je reçois ma première injection de Lovenox dans le bedon. Je me sens percée de partout. Étrangement, la douleur dans ma hanche et ma jambe est supportable. Je ne prends pas de Morphine. Je n’en ressens pas le besoin et je me sens déjà suffisamment mal en point.

Chéri arrive avec un beau bouquet de roses. Je suis contente de le voir  mais je me sens tellement anéantie que j’ai à peine la force de parler. La physiothérapeute fait irruption et insiste pour que je me lève. Je refuse. Elle me fait la morale pour que j’utilise ma pompe PCA. Je refuse. Chéri s’en mêle. Il a peur que j’aie mal quand elle me fera faire mes exercices. Je refuse. La physio déboutée me dit qu’elle reviendra dans 30 minutes et que je serai obligée de bouger. Je suis au désespoir. Je me laisse convaincre par Chéri et je prends une dose de Morphine, à contre-coeur. La physio revient, bouge et plie mes jambes. C’est un peu douloureux mais surtout inconfortable. Je suis incapable de bouger par moi-même ma jambe gauche, sauf mon pied. Elle finit par partir. Demain, déclare-t-elle, je serai obligée de me lever.

Pour dîner, on m’apporte un plateau constitué de différents petits pots de mou : compote, crème glacée, crème de champignons.  Je me force à avaler quelques bouchées de crème glacée, au moins pour changer le goût qui persiste dans ma bouche. C’est trop sucré, trop mou, pas assez froid. J’abandonne vite. Fini le dîner. Chéri repart et je tente de m’isoler dans mon monde avec mon IPOD sur les oreilles.  Je n’ai aucune énergie pour converser avec mes voisins, faire des Sudoku ou encore feuilleter les revues apportées par ma soeur. Je me sens au plus bas. Je suis en mode économie d’énergie. Recroquevillée dans mon lit, j’essaie juste de survivre. J’ai mal au coeur, je me sens faible et fatiguée, mes draps sentent l’hôpital, ma bouche goûte mauvais. Les pantoufles, initialement rigolotes, commencent à m’agacer. Leur bruit me dérange, la pression qu’elles exercent sur mes pieds aussi. C’est la grosse misère.

Vers 17h., je reçois la visite de mon fils aîné. Je suis contente de le voir.  J’essaie de paraître un minimum en forme mais c’est difficile.  Il repart après quarante minutes.  Il m’avoue plus tard qu’il avait hâte de partir car il n’aimait pas me voir dans un tel état. Une heure après, ce sont mes deux plus jeunes qui arrivent avec leur papa.  Comme ils n’ont que 12 et 10 ans, je fais tout en mon pouvoir pour sourire et donner l’impression que je vais bien. Les garçons sont blêmes comme jamais. L’un d’eux est assis sur la seule chaise disponible et affiche une tête d’enterrement. Après dix minutes, l’autre, debout devant moi, déclare, la main devant la bouche, qu’il a mal au coeur. Départ précipité des trois.

Pour souper, je mange quelques cuillères de pommes de terres en purée. Ça me fait du bien mais le mal de coeur persiste.  Je reçois du Gravol iv encore une fois.  En début de soirée, j’ai subitement chaud. Ma température est à 37.8°C. Je passe la soirée à écouter de la musique et à somnoler, interrompue de temps en temps par l’infirmière qui me donne des médicaments, vérifie mon pansement ou prend ma pression qui ne remonte pas. L’assistant de mon orthopédiste passe me voir pour la première fois. Selon lui, la chirurgie s’est super bien passée et il ne me reste qu’à remonter la pente. Le reste de ma soirée est nébuleux. J'ai le vague souvenir qu'on me donne le choix entre un masque à oxygène ou des petits tubes dans le nez pour m'aider à respirer. Je choisis les tubes. Je me rappelle aussi que je n’ai plus ma sonde et qu’un infirmier et son externe peinent à m’installer un cathéter pour vider ma vessie.  Ils s’y prennent à quelques reprises.  Ça brûle. Je finis par dormir de minuit à 5h., réveillée parfois par le personnel.

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