vendredi 5 août 2016

Toujours debout !!!

TROIS ANS !!!!!!

Eh oui déjà trois ans que je suis passée sous le bistouri, la scie, la perceuse et le marteau ! Que de chemin parcouru à partir des premiers pas avec la marchette, la canne, réapprendre à exécuter tous les mouvements quotidiens, réussir à monter et descendre les escaliers en alternance, marcher sans aide, adopter une démarche à peu près normale, recommencer à travailler, faire des seize heures debout... 

Je suis heureuse qu'au travail, plusieurs semblent avoir oublié ce chapitre de ma vie. Les nouveaux employés ignorent même tout de cette chirurgie et du fait que je vis maintenant avec d'autres douleurs au dos et à la hanche droite. Je suis ravie que personne ne me propose de m'asseoir quand je suis longtemps debout, que plus personne ne prenne un air catastrophé quand je grimpe sur un comptoir pour chercher une boîte ! Je suis heureuse que quelqu'un qui me bouscule ne s'excuse pas avec un air de fin du monde !!!

Je suis fière surtout car même dans les pires moments, et il y en a encore, j'ai toujours réussi, je crois, à faire mon travail sans nuire, ni trop me plaindre. Je spécifie ici, et c'est important, que je ne juge en aucun cas mes collègues qui ont des problèmes de santé ou des restrictions. Je les comprends et je compatis, tellement !  Le fait est que pour moi, c'est différent, car après 33 ans de douleurs, je suis devenue habituée et endurante. Lorsqu'on s'étonnait que je vienne encore travailler alors que j'étais en attente de ma chirurgie, le médecin me disait que c'était normal que je réussisse encore à fonctionner car cette douleur s'était installée graduellement et qu'elle était devenue une partie de moi, de ma vie, mais que quelqu'un s'étant subitement réveillé dans mon état ne serait même pas sorti du lit ! Mon infirmier en orthopédie ne s'était pas étonné non plus que je refuse de prendre de la morphine après mon opération. Il m'avait même annoncé bien avant l'intervention que les douleurs post-op ne seraient rien pour moi car mon seuil de douleur était élevé.  Il avait raison ! Ceci est donc un message d'encouragement pour certaines de mes collègues qui vivent avec des douleurs chroniques : vous allez voir, on s'habitue et on devient plus forte que tout le monde !!!

J'ai beaucoup attendu et beaucoup persévéré mais j'ai reçu un support énorme. Mes enfants ont toujours été exemplaires, compréhensifs. Ils ont grandi sans jamais oublier qu'il ne fallait pas bousculer maman, ne pas arriver en courant pour lui faire un câlin ou lui sauter dans les bras. Ils m'ont aidée après ma chirurgie... Ma soeur et mon frère m'ont aidée à leur façon. Ils m'ont encouragée, ont pris de mes nouvelles. Ma soeur était là le jour de ma chirurgie. C'est la dernière personne que j'ai vue quand j'ai passé les portes de la salle d'opération et la première que j'ai retrouvée après. Elle s'est occupée de moi, a cuisiné pour moi, m'a divertie. Mon frère s'est proposé pour m'emmener des Boost quand j'étais hospitalisée et trop faible pour songer à me nourrir. Mon père m'a aussi énormément supportée depuis que je suis enfant. Je me souviens qu'il gardait tous ses congés de maladie pour m'accompagner à Ste-Justine et plus tard chez tous les autres spécialistes que j'ai consultés. Je me rappelle encore ma chère maman, tellement dévouée. Elle n'est plus là depuis maintenant 25 ans mais elle a tellement tout fait pour m'aider ! Après, c'est ma tante G, ma tante adorée, qui s'est inquiétée de ma santé et qui s'en soucie encore à 92 ans ! Je suis chanceuse ! J'ai eu des amies formidables aussi, surtout Meilleure amie, qui se reconnaîtra. Elle m'a toujours encouragée, elle m'a écouté me plaindre... Finalement, j'ai eu des supers collègues qui ont toujours pris des nouvelles de moi, m'ont souvent montré d'un geste ou d'un regard qu'ils savaient que j'avais mal ! L'un d'eux m'a affectueusement surnommée "jambe de bois". Ça m'a toujours fait sourire... Après tout dans la vie, il y a tellement pire qu'avoir mal un peu partout !

Alors voilà, l'heure est à l'émotion ce soir quand je regarde le chemin parcouru, quand je constate que tant de gens ont été là pour moi, quand je réalise que malgré toutes les mauvaises prédictions, je suis toujours debout ! Ma soeur et moi, on se répète souvent en blaguant "qu'on est pas tuables". Eh bien, je vous jure, attachez vos tuques, vous n'avez encore rien vu !!!

Elle est toujours vivante. Je suis toujours debout !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire