Les
mois qui suivent, je ne chôme pas. Je cherche sur internet tout ce
que je peux trouver sur les prothèses de hanche, l’arthrose et la
chirurgie qu’on appelle arthroplastie. Plus je lis, plus les
questions s’accumulent mais je ne suis pas supposée revoir
l’orthopédiste avant la chirurgie. J’apprends l’existence de
différentes prothèses : céramique, métal, plastique, cimentée,
non cimentée, à petite tête, à grosse tête. Je me demande
laquelle je vais avoir et ce qui détermine ce choix. J’en parle
beaucoup avec Chéri qui n’est pas convaincu que la chirurgie soit
un bon choix. Je fais aussi une découverte qui me renverse. Toutes
mes recherches sur le sujet mènent à la même équipe
d’orthopédistes. Ils sont les meilleurs, ils ont été les
premiers à installer des prothèses uniques, révolutionnaires
et SANS LIMITATIONS pour le patient, ils ont reçu des
récompenses et des distinctions prestigieuses ET, c’est l’équipe
d’orthopédistes de l’hôpital où je travaille !!! Cette
découverte sème un premier doute dans mon esprit. Ça signifie donc
que là où je vais, je ne recevrai pas la meilleure prothèse ?
Pourquoi mon chirurgien ne m’installe-t-il pas celle-là ? Pourquoi aurai-je une prothèse qui me limitera ? Je tente
de me convaincre en me disant que mon médecin doit savoir ce qu’il fait et
qu’il n’installerait pas une prothèse de mauvaise qualité à
une jeune patiente. Quand même, un doute persiste…
Les
semaines passent et mes douleurs s’accentuent. Je les endure avec
optimisme, persuadée que la fin est proche. Pour travailler,
j’ajoute un 4g de Tylenol par jour à mes 400mg de Celebrex.
Bientôt, ça ne suffit plus à contrôler ma douleur et j’ajoute
un bon paquet de Advil à ma médication quotidienne, au grand
désespoir de chéri qui me dit que je vais me faire un trou dans
l’estomac. Je prends du Nexium pour tenter de me protéger un peu
mais finalement, j’ai presque toujours mal au ventre et au coeur.
J’ingurgite des Gravol pour contrôler mes nausées et puisque ça
m’endort, je bois du café, qui à son tour me cause des problèmes
à l’estomac. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Je n’ai
pas le choix de me contenter de mes semaines de travail régulières
et je dis adieu aux heures supplémentaires qui arrondissaient mes
fins de mois.
Au
travail, je fais tout pour que ça ne se voit pas trop. J’aimerais
mieux mourir que de perdre la considération de mes patrons. Je ne
veux pas non plus que mes collègues subissent les conséquences de
mon état de santé qui se détériore. J’ai peur qu’on me juge
pour avoir choisi un travail qui demande de passer plusieurs heures
par jour debout. Je suis de plus en plus désespérée mais je compte
les jours qui me séparent du 19 mai…
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